3 jours après... La France reste sous le choc et moi aussi. La France j'y suis née, j'y ai vécu de formidables années. L'art de vivre à la française m'a offert ce qu'il y avait de meilleur. Aujourd'hui c'est le malheur qui attend sous les paillassons des maisons. Ils ont réussi à ébranler les lumières de Paris mais le monde s'est illuminé en bleu blanc rouge pour que nous nous sentions moins seuls.
Moi qui ai choisi de vivre dans une île, aujourd'hui j'ai la chance de ne pas avoir peur pour moi mais ça ne suffit pas. Mes enfants vont vivre leur jeunesse en France. Et ce sont eux qui doivent ne pas être au mauvais endroit au mauvais moment. A toi mon fils qui vit en France, à ton frère qui va bientôt te rejoindre, je suis triste de voir le monde que nous vous offrons. Comment vivre ainsi?
En France, on va acheter son pain, on s'embrasse pour se dire bonjour, on va boire un café avec les copains, on sort le soir, on se réunit pour écouter de la musique dans des salles de spectacle. La France est festive et c'est là qu'elle a été attaquée. Là où la douceur de vivre ensemble a été brisée.
Ils ont réussi à rendre les rues de Paris désertes, à éteindre la Tour Eiffel!
En France ce ne sont pas les monuments historiques qui sont détruits c'est un peu de l'âme de la France dans ce qu'elle a de festif. Un quartier qui vit, qui fait la fête, cosmopolite et fraternel. Lorsque Charlie Hebdo a été la cible, la France s'est rassemblée mais aujourd'hui la cible c'est chacun de nous parce que nous sommes Français.
Non il ne faut pas que les rues de Paris restent désertes.
Non il ne faut pas que la France se terre chacun chez soi.
Non il ne faut pas arrêter de cultiver l'art de vivre à la française.
Non il ne faut pas avoir peur.
Mais comment faire lorsque l'on se réveille un matin des images d'horreur partout, des vies emportées au hasard, lorsque la mort devient aléatoire.
Comment oser sortir de chez soi et ne pas avoir peur d'être au mauvais endroit au mauvais moment, celui choisi par des fous barbares.
Mes enfants et les Français ainsi que tant d'autres peuples vont devoir apprendre à vivre avec ce danger permanent. Tous ces jeunes dont la vie a été arrachée avec violence sont là à jamais présents dans notre histoire, dans notre coeur. A partir d'aujourd'hui être français est devenu un risque. Mais il va falloir vivre avec ça et le défi est de taille.
Parents nous nous demandons aujourd'hui quel avenir pour nos enfants, l'insouciance de la jeunesse s'envole car nous sommes tous choqués, nous sommes tous impliqués dans ces massacres. Les beaux visages de ceux visés par ces attentats sont les visages de la jeunesse, de l'avenir de la France.
Quand la mort devient autant aléatoire, quand il n'y a plus de règle, il va falloir faire l'effort effrayant de continuer à faire vivre les valeurs de liberté, de fraternité si chères à notre pays.
Je lisais ce matin ceci: Avoir 20 ans en 2015, c’est être né en 1995, l’année du meurtre raciste d’Imad Bouhoud, 19 ans, jeté dans le port du Havre par des skinheads, l’année des huit attentats islamistes à la bombe avec la traque jusqu’à la mort de Khaled Kelkal, et c’est avoir 6 ans quand les Twin Towers s’effondrent. (Libération). Et c'est l'année où tu es né mon fils. La vie que nous t'avons offerte, nous l'avons rêvée insouciante, heureuse.
Aujourd'hui je suis confuse de constater que nous n'avons pas su vous protéger, que toi, tes amis, la France va avoir besoin de courage pour vivre. La guerre dans ce qu'elle a de plus abject est devenue une réalité, j'aurais tellement voulu qu'elle reste cloîtrée dans les manuels scolaires.
Aujourd'hui, j'ai envie de fermer les yeux, éteindre mon ordinateur et ne plus voir l'horreur des images diffusées mais c'est ce que nous vous léguons mes enfants et je me sens impuissante.
Soyez forts mes fils, soyons forts! The show must go on!
La musique doit retentir et la liberté doit survivre.
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