L'Ile Maurice vibre aux couleurs de la foi des Hindous Tamouls.
Chaque année ce jour férié est célébré par cette communauté et suivie par les gens au bord des routes.
Pour comprendre un peu mieux cette tradition, voici quelques explications de cette marche qui emmène les fidèles jusqu'au temple. C'est le Cavadee de Queen Victoria que j'ai suivi de nombreuses fois. Une journée intense à découvrir.
Tous ceux qui portent le cavadee verront leurs vœux se réaliser et se rapprocheront du dieu Muruga, fils de Shiva.
Muruga est à l'honneur de cette fête.
10 jours de jeûne qui se terminent par le jour du recueillement et de rupture du jeûne, on dit que l’on casse le carême.
Abstinence et prières.
Le premier jour, le pavillon est levé sur le kodi ( poteau) près du temple.
Le pavillon est un drapeau sur lequel se trouve le dessin du vel ou saktivel qui est la lance qui tua Idumban, d'un paon ou d'un coq.
Le sens du saktivel c’est de combattre notre ignorance et développer notre sagesse.
Les rituels sont très précis comme: la purification régulière, l’attache du cordon safrané au poignet des fidèles, le lever du pavillon, les offrandes au Dieu.
Ils se rendent quotidiennement au temple pour des prières et déposent des offrandes ( noix de coco, fruits, lait, encens…).
Le dernier jour est un jour particulier pour les tamouls à travers le monde, c’est la fin du jeûne mais surtout c'est une procession
pendant laquelle ils purifient leur corps et leur âme.
Le matin tout le monde se rassemble et c'est à ce moment que les aiguilles sont disposées sur les corps, que le rituel commence. Je vous explique ici les symboles du Cavadee.
Les participants vont porter le cavadee jusqu'au temple tous ensemble, dans une marche pieds nus sur les sols brûlants des routes et des chemins. C'est au coeur des champs de canne que j'aime admirer ces processions.
Habillés de fuschia, les fidèles se préparent, de fines aiguilles, des clochettes, des piques traversent leur corps, ils font voeu de silence.
Les femmes aussi se percent la langue et portent sur leur tête des cruches de lait sacré.
Ceux qui portent le cavadee se préparent spirituellement et physiquement.
La philosophie du cavadee
Muruga est une extension ou une émanation de Shiva-Sakti.
Il est considéré comme le guru des gurus pour les tamouls.
Cette célébration permet de réaffirmer sa foi, son amour, sa confiance absolue dans le seigneur Muruga.
À cette occasion, il projette ses shaktis ou énergies spirituelles sur toute l’humanité.
C’est l’occasion de se débarrasser de ses karmas négatifs et de purifier son âme.
Le jeûne tend en ce sens et la pénitence en est la base.
Après la cérémonie, on partage du riz et des caris végétariens disposés sur des feuilles de bananiers.
Si le lait n’a pas caillé, il est versé sur les dieux et distribué aux fidèles.
L’extraction des crochets et aiguilles se fait en chants et prières.
Les aiguilles servent à capter l’énergie cosmique et sont le symbole que la souffrance terrestre peut être vaincue par la foi.
Le lendemain le drapeau sera descendu, synonyme de fin.
Le cavadee
Symbole du temple du dieu Muruga, le cavadee est composé de bois et de bambous et peut atteindre 3 mètres de haut.
Des feuilles de cocotier, des fleurs, du tissu, des icônes du dieu ornent le cavadee.
Deux petits pots de cuivre sont attachés aux extrémités.
Les femmes ne portent pas le cavadee, je vous invite à découvrir ici leur procession.
Synonyme de la victoire du bien sur le mal, cette fête est célébrée dans la piété et la douleur n’y a pas sa place car dieu récompense ceux qui s’éloignent du mal pour se rapprocher de lui.
L’origine
Elle se trouve dans les légendes.
Idumban ( l’orgueilleux ) un bandit repenti doit se rendre sur le mont Kaïlash, il doit ramener les sommets de deux montagnes mitoyennes.
Il exécute avec succès l’ordre de son guru Agattiyâr et ramène les deux cimes en les accrochant aux extrémités d’une palanche ( cavadee ).
Heureux de cet exploit, Muruga, fils de Shiva, voulut l’honorer.
Il se déguisa en petit garçon et grimpa sur l’un des sommets portés là par Idumban.
Celui ci déséquilibré découvrit la farce et se mit à se battre contre le dieu qui le transperça de sa lance.
Idumban perdit la vie.
Muruga le ressuscita et décréta que ceux qui porteraient le cavadee jusqu’au temple obtiendraient sa grâce.
Le symbolisme est celui des difficultés qui ponctuent le chemin vers la spiritualité.
Conseil: se rendre assez tôt le matin sur les lieux de préparation des processions, se laisser imprégner par cette spiritualité et ce dépassement de soi.
Suivre les fidèles ou les attendre à leur arrivée au temple.
Une expérience hors du temps qui gravera
l'image d'une Ile Maurice très spirituelle au fond de votre coeur.
